Chapiteau de la cathédrale Saint-Lambert

Les fouilles entreprises sur le site de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert en 1993 ont permis d’exhumer une série de colonnes, bases et chapiteaux – entiers ou fragmentaires – qui ont appartenu à l’édifice roman, construit à la fin du 10e s. mais modifié au 12e.

Le chapiteau ainsi que la base qui lui est assortie sont les mieux conservés de ces éléments. Ils sont en grès triasique, proche de ce grès houiller dont l’usage caractérise les édifices liégeois des 11e et 12e s. et qui provient des coteaux environnants.

Les bases de colonnes, éléments généralement assez stéréotypés, se caractérisent par la présence de griffes d’angle dont les feuillages, d’une étonnante vitalité, semblent sortir d’une échancrure du tore supérieur, comme sous l’effet du poids qu’il supporte. On en rencontre de semblables à l’église Saint-Barthélemy de Liège ainsi qu’à Maastricht au cours des années 1170.

Les chapiteaux sont de deux types, de plan circulaire ou carré, selon qu’ils couronnaient colonnes ou piliers. Il s’agit ici de l’un des chapiteaux carrés. Quatre figures masculines nues, individualisées par leur chevelure, en occupent les angles. Leurs membres étreignent des rinceaux déployés sur les quatre faces. La première est occupée par un homme accroupi ; la deuxième par deux griffons adossés, le corps couvert d’écailles, pinçant de leur bec crochu les oreilles des personnages d’angle. La troisième voit deux dragons adossés et mordant chacun la grappe de raisins par laquelle s’achève sa queue muée en rinceau. La quatrième enfin réunit deux reptiles à tête de chien. Allié à une représentation d’une humanité intimement liée au règne végétal, image de la Vie éternelle, ce bestiaire conjugue dans une surprenante ambiguïté une vision à la fois symbolique et décorative. On peut en rapprocher le répertoire de certains chapiteaux de la cathédrale de Laon.

La présence de deux types de chapiteaux et de supports permet de penser que leur alternance caractérisait le rythme intérieur de la cathédrale.

L’exécution de ces éléments peut être située quelques années avant l’incendie de l’édifice en 1185. Leur présence témoigne de ce que l’église construite par Notger autour de l’an Mil avait été transformée en sous-œuvre, peu après que l’ait été sa crypte occidentale.

Année d'exécution
Liège, vers 1160-1180
Lieu
Prov. des fondations des tours de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert à Liège
Dimensions
67 x 100 cm