Ex-voto anatomique

Cet ex-voto anatomique épais, en forme de visage, aurait été mis au jour lors de la seconde campagne de fouilles menée par l’Institut archéologique liégeois place Gît-le-Coq à Jupille, du 7 avril au 22 mai 1874.  Durant ce mois et demi de fouilles, les ouvriers ont découvert les substructions d’un bâtiment, peut-être un habitat, comprenant une cave à niches et une salle à abside semi-circulaire pourvue d’un chauffage par hypocauste, aux sols décorés de mosaïques à décor géométrique (SCHÜTZ, 2014, p. 318).

Le masque courbe, réalisé selon la technique du moulage, représente les deux-tiers d’un visage aux yeux en amande dont l’iris et la pupille ne sont pas figurés. Le nez est dévié ; la narine gauche est aplatie. Les paupières supérieures sont soulignées de petits traits obliques ; la lèvre supérieure est représentée de même que le début de la lèvre inférieure. Le revers de la pièce, concave, est lisse. Aucune trace de couleur n’est visible.

L’ex-voto de Jupille s’inscrit dans la lignée des offrandes anatomiques en forme de visage issues des sanctuaires étrusco-italiques. Il présente de fortes affinités avec un ex-voto en terre cuite daté du IVe ou du IIIe siècle av. J.-C., provenant du sanctuaire campanien de Calès (Calvi Risorta, Italie) et conservé au musée de Saragosse en Espagne (GRACIA-SANCHO et alii, 1988, fig. 25 p. 22). 

Les ex-voto étaient déposés dans un sanctuaire à la suite d’un vœu, ou en remerciement d’une guérison. Les offrandes anatomiques en forme de visage, qui ne présentent généralement aucun aspect pathologique, étaient peut-être déposées au sanctuaire pour demander à la divinité invoquée, le soulagement des maux de tête ou des migraines (WELLS, 1985, p. 42).

A Jupille, un sanctuaire ayant pour divinité tutélaire le dieu guérisseur Apollon a été mis au jour entre 2003 et 2005 par le Service public de Wallonie (Direction de Liège – Archéologie), entre les rues Pépin le Bref et Abbé Genten, près de la place Gît-le-Coq. Devant la façade orientale du fanum, les archéologues ont mis au jour un bassin lustral fragmentaire en calcaire de Meuse, daté du IIe siècle après J.-C., portant une dédicace à Apollon Smerturix (Apollon le pourvoyeur, le protecteur) inscrite dans une tabula ansata. 

JLS

Terre cuite
H. 8,5 cm ; larg. 10 cm
Époque gallo-romaine
Jupille (Liège)
Liège, Le Grand Curtius, inv. I/5100 

Bibliographie :

GRACIA SANCHO et alii (1988) = M. GRACIA SANCHO, G. JIMENEZ DOMINGUEZ et N. RAMON FERNANDEZ, « Exvotos del Santuario de Cales en el Museo de Zaragoza. (Anatomicos y zoomorfos) », Boletin del Museo de Zaragoza, 7, p. 5-36.

SCHÜTZ (2014) = J.L. SCHÜTZ, « Le vicus de Jupille raconté », Chronique de la Société royale Le Vieux-Liège, 361, p. 318-321.

WELLS (1985) = C. WELLS, « A Medical Interpretation of the Votive Terracottas: An Appendix to a Sanctuary at Ponte di Nona », Journal of the British Archaeological Association, 138, p. 41-47.