La Médaille de la reine Élisabeth

En ce mois de mai 2020, le monde médical lutte depuis maintenant presque deux mois pour endiguer la pandémie de Covid-19. Dépassant le cadre de leurs fonctions en mettant leur vie en péril, les membres du personnel de santé suscitent l’admiration à travers le monde. Cette reconnaissance se traduit par des applaudissements quotidiens et diverses formes de soutien.

Cette situation, d’apparence sans précédent, n’est pourtant pas sans en rappeler une autre, comme en témoigne cette médaille à l’effigie de la reine Élisabeth.

Instituée le 15 septembre 1916, cette médaille de bronze est destinée à ceux, Belges ou étrangers, qui, durant la Première Guerre mondiale se sont consacrés aux œuvres de guerre pendant au moins une année.

Une version de cette décoration porte une croix rouge dans le cercle ouvert en dessous du ruban. Elle s’adresse au personnel hospitalier pour le remercier de son dévouement auprès des malades ou des blessés et plus particulièrement aux infirmières qui, dans un esprit de sacrifice constant et discret, ont contribué à soulager les misères que la guerre a engendrées.

La reine Élisabeth et le mythe des anges blancs

L’association à la reine Élisabeth, reine-infirmière présentée sur l’avers (1) de la médaille est naturelle, car, comme le rappelle le ministre de l’intérieur Paul Berryer, « elle personnifie la bonté, le dévouement, l'abnégation ».

Au revers, une figure féminine parée du voile de la nurse tenant une lampe à l’huile — référence à Florence Nightingale, la dame à la lampe, pionnière anglaise des soins infirmiers — et entourée du texte « Pro Patria Honore et Caritate » (« pour la patrie, l'honneur et la charité ») symbolise la soumission à l’œuvre de devoir et d’humanité, vertus attribuées à celles qui seront appelées les « anges blancs ».

Si une plaquette ne peut suffire à faire oublier les affres de la guerre, elle souligne néanmoins la reconnaissance d’une profession qui a été particulièrement sollicitée pendant la guerre. Les combats meurtriers qui suivent l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes le 4 août 1914 se répercutent rapidement sur le Service de Santé de l’Armée et les sections de la Croix-Rouge, désorganisés et dépassés par les événements.

Le personnel qualifié et les infirmières diplômées font défaut et des postes de secours sont ouverts à la hâte dans tout le pays ; beaucoup de femmes s’y portent volontaires, comme Joséphine Cloostermans, batelière qui rejoint la Croix-Rouge au déclenchement de la guerre et qui se verra octroyer plus tard la Médaille de la reine Élisabeth pour avoir porté secours aux malades et blessés d’Ypres pendant l’hiver 1914.

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(1) En numismatique, l'avers (ou le droit ) est le côté de la monnaie portant l'effigie ou le motif essentiel. En langage courant, il s’agit du côté face . L'opposé de l'avers est le revers.

Geoffrey Schoefs

Légende des photos :
  • Avers : représentation de la reine Élisabeth (photo n°1)
  • Revers : représentation de la Dame à la lampe (photo n°2)

Médaille de la reine Élisabeth
Bronze
Musée Grand Curtius