Evangéliaire dit de Notger

Oeuvre classée comme Trésor la Fédération Wallonie-Bruxelles le 18 avril 2013

Le manuscrit que renferme cette reliure fut sans doute écrit vers 930 et provient peut-être de Stavelot ou de Reims. Le plat supérieur de la reliure apparaît aujourd’hui composite. On y distingue en effet des éléments remontant à trois époques au moins. Le centre est occupé par l’ivoire dit de Notger, que l’on situe à la fin du 10e s. A l’entour se trouvent  huit émaux des années 1160. Quatre plaques biconvexes dorées et gravées, du 15e s., s’inscrivent dans les interstices.

L’évangéliaire provient de la collégiale Saint-Jean-l’Evangéliste de Liège, dont l’évêque Notger (980-1008) fut le fondateur. 

L’ivoire en est l’élément le plus remarquable. On y voit le Christ en majesté de l’Apocalypse, bénissant de la dextre, les pieds posés sur la sphère terrestre, inscrit dans une mandorle que cantonnent les symboles des quatre évangélistes. Au registre inférieur, vraisemblablement le donateur, précédé d’une cathèdre, fléchit le genou et tient en main un codex; à droite se dresse un édicule abritant un autel. L’inscription périphérique dit : « Et moi Notger, accablé sous le poids du péché, me voici fléchissant le genou devant Toi qui fais trembler l’univers ». Le personnage agenouillé pourrait donc être l’évêque faisant le présent de son évangéliaire à son église. On se pose toutefois la question de savoir pourquoi, si Notger est bien le commanditaire de l’ivoire, il s’est fait représenter nimbé. D’aucuns ont plutôt vu dans ce personnage le roi David. A moins que le nimbe n’ait été ajouté tardivement, afin que l’ivoire servît de pièce à conviction lors d’ un procès en canonisation de Notger…. Comme pour l’ivoire d’Oxford auquel on peut le comparer, le style de ses figures semble remonter à l’époque de Notger et s’inscrire dans le prolongement des ivoires messins antérieurs.

Les huit émaux champlevés sont de style typiquement mosan. Ils représentent des figures allégoriques de vertus (Courage, Justice et Tempérance) et des quatre fleuves du Paradis (Fison, Géon ; Tigre, Euphrate). Les personnages se distinguent par leur animation et un large usage d’émail rouge, généralement utilisé de manière plus parcimonieuse.

Les plaques biconvexes sont ciselées de feuillages déchiquetés, caractéristiques du répertoire ornemental de l’orfèvrerie gothique dans les années 1400.

Manuscrit : Reims ou Stavelot, vers 930 / Ivoire : région mosane, début 11e siècle / Emaux : région mosane, vers 1160 / Plaques gravées : 15e siècle / Reliure : Liège, début 17e siècle et fn 19e siècle      

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Numéro d'inventaire FLORA
GC.ADC.10e.1912.66248