Plaque au Christ « Pantocrator », dite Ivoire d’Amay

Oeuvre classée comme Trésor la Fédération Wallonie-Bruxelles le 21 février 2022.

Cet objet fut découvert fortuitement à Amay, près de Huy, siège d’un ancien chapitre de chanoines fondé à l’emplacement d’une église dédiée à saint Georges par sainte Ode au 7e s.

Le Christ, la tête entourée d’un nimbe crucifère, porte le livre de Vie de la main gauche et bénit de la dextre. Son geste de bénédiction est particulier, puisque, contrairement à la bénédiction traditionnelle en Occident (l’index et le majeur dressés), ici tous les doigts sont dressés, à l’exception du majeur, maintenu par le pouce. La silhouette de face, cantonnée de deux rosaces, est inscrite dans un médaillon entouré d’un entrelacs. Autour de ce dernier, quatre autres médaillons plus petits et cernés d’un perlé renferment les symboles des évangélistes : en haut, l’ange de saint Matthieu et  l’aigle de saint Jean ; en bas, le lion de saint Marc et le bœuf de saint Luc. Chacun tient ouvert le livre de son évangile. Ces médaillons sont réunis par une rosace semblable à celles situées de part et d’autre du Christ. Des motifs d’acanthes occupent les écoinçons.

Les sujets se caractérisent par leur faible relief. Si l’on en croit son iconographie, cette plaque occupa sans doute le plat de reliure d’un évangéliaire semblable à plusieurs spécimens  médiévaux conservés. L’effigie du Christ est fort imprégnée de modèles byzantins : la silhouette à mi-corps, l’attitude s’inspirent du type Pantocrator ( Maître du monde) qui trouve ses origines à Byzance. Il en est de même pour le geste de bénédiction. Mais ces éléments sont également présents dès l’époque carolingienne dans l’art occidental. Les acanthes occupant les écoinçons dérivent de modèles antiques : à partir de la Renaissance carolingienne, le vocabulaire ornemental les introduira dans son répertoire, notamment celui de la sculpture sur ivoire. Cette œuvre semble donc se situer à la rencontre de ces deux traditions, à laquelle fut associé, comme pour se démarquer du modèle byzantin, l’entrelacs dont la présence s’inscrit dans le prolongement des modèles insulaires répandus jusqu’au 12e s. dans l’art roman. 

En savoir plus sur les Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Le décret du 11 juillet 2002 permet de classer comme Trésor, les biens qui présentent un intérêt notable pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans ce cadre, plusieurs œuvres dont la qualité artistique, la rareté ou les liens avec l’histoire et l’histoire de l’art ne sont plus à démontrer, sont davantage valorisées grâce à ce classement. Cette reconnaissance permet de mettre en valeur ces fleurons de notre patrimoine artistique et culturel mais surtout de mieux les protéger, d’aider à la restauration ou d’empêcher qu’ils soient vendus à l’étranger. Plusieurs œuvres historiques majeures sont, chaque année, reconnues comme Trésors.

Un bien protégé obtient la qualité de « trésor ». Ce terme trouve son origine dans le droit européen qui offre à chaque Etat membre la possibilité de protéger ses « trésors nationaux ayant une valeur artistique, historique ou archéologique ». Ces trésors échappent dès lors au principe de libre circulation des biens à l’intérieur de l’Union européenne et peuvent se voir imposer des restrictions ou interdictions de sortie du territoire national concerné.

Plus d'infos sur le site web de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Numéro d'inventaire FLORA
MAAD 1955/JB/2
Année d'exécution
10e siècle
Dimensions
H. : 17 cm l. 8,5 cm