Aspects de la vie quotidienne au Moyen Âge

Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, 80 à 90 % de la population vit à la campagne. L’existence y est précaire, soumise à bien des aléas : climat, guerres, taxes et corvées imposées par les maîtres du sol. Dès le xe siècle, les villages s’agrandissent ; les surfaces cultivables s’accroissent, l’habitat se resserre autour de l’église ou du cimetière fortifiés. L’outillage reste dans l’ensemble rudimentaire.

L’existence en ville est, au moins pour certains, plus agréable : activité économique organisée, vie moins monotone, mais aussi crainte perpétuelle de l’incendie, des épidémies, promiscuité. Les nécessiteux peuvent bénéficier d’activités de bienfaisance. Partout néanmoins, la mortalité, surtout infantile, est considérable.

Le matériau de base est le bois : on l’utilise dans la construction, pour la fabrication du mobilier, des outils et de nombreux ustensiles domestiques. Les maisons sont en bois (colombages) et en torchis ou pisé ; on emploie aussi la pierre ou la brique selon les régions.

À la campagne, seuls les mieux lotis disposent d’une étable ; ailleurs, hommes et bêtes vivent quasi côte à côte. En général, les constructions protègent mal de l’humidité et du froid, malgré des baies à l’ouverture réduite. La vie s’organise autour du foyer ou de la cheminée, dispensateurs de chaleur et de lumière... mais aussi de fumée. À la campagne, on a recours, faute de mieux, à la chaleur dégagée par le bétail. Lorsqu’il y en a, l’éclairage est assuré par des torches ou par des lampes, des chandeliers, des flambeaux.

Le mobilier dépend de l’état de fortune de l’habitant mais est souvent réduit. Le mobilier domestique du Moyen Âge est moins bien connu et moins bien préservé que son équivalent religieux. Il faut faire appel aux sources iconographiques : les oeuvres des Primitifs flamands nous donnent de minutieuses descriptions en images des intérieurs des riches bourgeois du XVe siècle.

Le coffre est un meuble à tout faire : armoire, table, siège ; il est toujours prêt à être emporté. Les mieux nantis disposent d’armoires, de dressoirs, de crédences ; des tapisseries couvrent rarement les murs. La table n’est pas fixe : on la dresse sur des tréteaux lorsque nécessaire. Le laiton sert à la fabrication de nombreux ustensiles domestiques et religieux : chandeliers, flambeaux, puisettes, cuillères, chaudrons, etc. Ces objets relèvent du domaine de la dinanderie, qui tire son nom de la localité mosane de Dinant. Plus généralement, l’industrie du laiton est largement répandue le long de la Meuse moyenne.

La vaisselle est faite de terre cuite, de céramique ou de grès. Les ateliers de poterie sont disséminés un peu partout entre Namur et Liège. Au XIVe siècle, on constate que les ateliers deviennent l’apanage quasi exclusif des cités : Namur, Andenne, Huy, Amay, Liège. L’étain est produit à Huy dès le XIVe siècle; les objets conservés antérieurs au XVIIIe siècle sont rares. On fabrique du verre plat, utilisé pour la réalisation des vitraux, plus tard des vitres, ainsi que du verre creux. Les productions locales, dès le XIIe siècle, livrent des gobelets et des verres à pied. Les pièces de luxe sont importées de Venise ou d’Orient.

Philippe Joris,
Conservateur du département des Armes et du département d’Art religieux et d’Art mosan